RDC : 30 avril 2012, jour où le M23 lançait sa guerre

RDC : 30 avril 2012, jour où le M23 lançait sa guerre
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Ce jour-là , à l’aube, Bosco Ntaganda et ses mutins, que le gouvernement va d’abord nommer “d’indisciplinés“, contrôlent plusieurs localités du territoire de Masisi dont Karuba à 37km au Nord-Ouest de Goma. Goma tombera 7 mois après

Ces militaires qui ont fait défection vont immédiatement établir, dans un premier temps, leurs états-majors à Kingi et Kibati, avant de se camoufler à Mushaki et Kitshanga, dans les fermes de Bosco Ntaganda. C’était le début d’une longue guerre qui dura 2 ans.

Tout était parti du mois de mars 2012 lorsque l’insécurité bat son plein dans le Nord-Kivu. La ville de Goma connait des moments difficiles : vols de voitures, rapts, attaques des banques et coopératives, tentatives de soulèvements populaires, suspicions ethniques.

Les bruits de bottes sont signalés. Les militaires des régiments sont accusés d’insubordinations et les efforts de ramener la paix par différentes structures politiques, sociales ou communautaires s’amenuisent. Les prémices de la guerre d’un mouvement inconnu sont plantées

Le 18 mars, un colonel en fuite dénonce l’injustice et la désorganisation des FARDC. Dans sa cachette, le colonel Albert Kahasha dit avoir décidé de quitter l’armée congolaise parce qu’il ne supportait plus “la mauvaise condition des soldats et l’injustice.”

Kahasha dénoncera les militaires qui collaborent avec les groupes armés, des généraux affairistes. L’ex-commandant du 808è régiment de Eringeti en Territoire de Beni dans la province du Nord Kivu demandera, enfin, aux autorités congolaises de bannir l’impunité au sein des FARDC

Le 9 avril, au regard de la situation préoccupante, Joseph Kabila arrive à Goma pour s’entretenir avec la population de la question de l’insécurité. Dans le monde, et surtout à Londres, Human Rights Watch réclame depuis plusieurs mois que Bosco Ntaganda soit arrêté.

Le Gouvernement congolais faisait savoir que c’était pour la paix qu’il se réservait de passer à l’acte. Bosco Ntaganda faisait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre.

Mais le 11 avril, lorsque le Pdt Joseph Kabila reçoit les élus, les chefs coutumiers et les différents responsables de la province du Nord-Kivu dans un hôtel de Goma, il déclarera : “Je vais arrêter Bosco Ntaganda parce que l’ensemble de la population souhaite la paix“.

Au cours de cette rencontre, l’une des phrases de Kabila restée célèbre fut : ” … Je ne sais pas pourquoi vous avez peur de citer le nom de Bosco Ntaganda…Concrètement, si l’indiscipline se poursuit, nous aurons raison d’arrêter tout officier, en commençant par Ntaganda

Le 22 avril, le colonel Jonathan Chuma Balumisa, Commandant 4è Secteur opérationnel FARDC à Walikale, est assassiné au cours d’une embuscade. Son compagnon, le Lieutenant-Colonel Pilipili est également tué au cours de la même attaque. On y verra plus tard la main des futurs M23.

A la même période, le Cmdt 3è Secteur Ops, Colonel Baudouin Ngaruye qui sera nommé général en novembre 2012 et porte-parole du M23 déserte des FARDC et se retire avec quelques éléments dans les montagnes de Masisi où se cache son ami et chef, Bosco Ntaganda.

Et ce 30 avril, l’offensive est lancée en territoire de Masisi. Ce qui était considéré comme une simple défection au sein des FARDC se transformera en moubement rebelle, M23 regroupant plusieurs anciens combattants du CNDP. 7 mois plus tard, ils occupèrent Goma.

Asher Lungonzo


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