Simon Kimbangu : Héros immortel
Pour honorer la mémoire de la lutte menée par Simon Kimbangu, le 06 avril a été décrété en République Démocratique du Congo jour férié, chômé et payé. Simon Kimbangu est connu comme Prophète et chef spirituel de l’Eglise qui porte son nom en République Démocratique du Congo. Pour l’histoire, il était un des Leaders africains Anticolonialistes de premier plan. Sa lutte pour la liberté de l’homme noir, il a mené aux entrailles de la colonie la plus farouche que l’humanité ait connue : « Le couple Colonisation- Evangélisation ».
Plusieurs écrits des chercheurs d’horizon divers et des clergés africains ont exploré le bosquet de l’histoire coloniale d’Afrique y compris celle du bassin du Congo. Ils ont présenté la comptabilité des méfaits de ce qu’a été l’œuvre de cette entreprise. Les documentaires audiovisuels retracent le contexte de la lutte du système et de l’héroïsme du Leader. Bref, le pouvoir coloniale et la mission évangélisatrice ont été un instrument de violence et d exaction en Afrique.
La belle illustration qui résume ces crimes de l’histoire faite sur la population innocente du Congo, est présentée par l’historien américain, Adam HOCHSCHILD; dans son livre qui est resté un best-seller : « Les Fantômes du roi Léopold. Un holocauste oublié. » Comme dans un réquisitoire a la cour d’assise, l’auteur met en exergue le drame, la violence inouïe ; violence infligée à dessein dans l’exploitation des autochtones. Ces faits qui heurtent la conscience de toute l’humanité, ont suscités la confusion et de l’ambigüité profonde, car les autochtones ont constaté que la mission évangélisatrice catholique n’était qu’un bras séculier a la colonisation, et par conséquent assimilée à l’œuvre de la violence.
Pour preuve, il est recueilli des témoignages et mentionné dans les certains écrits que l’expansion du christianisme en Afrique comme l’affirme le célèbre historien Congolais, Elikia M bokolo, une sorte de pêché capital qui ne sera jamais effacé ni pardonné par les africains : « Le fait […] de s’être installé en Afrique par le moyen de la violence, en s’associant, bon gré, mal malgré, a toutes les spoliations et les violences dont le continent a été victime. »
Le Père Anglebert Mveng, Jésuite camerounais mort assassiné, dans un article intitulé : « De la sous mission à la succession », ce Clergé qualifie la mission évangélisatrice d’entreprise de violence. Cette observation est faite encore par Jean Marc Ela, Prêtre catholique camerounais dans une interview avec l’historien Achille Mbembe : « Le mépris du noir et les violences physiques et culturelles appartiennent […] à l’activité missionnaire. »
L’exacerbation de l’action évangélisatrice au dire de Jean Marc Ela était celle de détruire les valeurs culturelles des noirs. Ces violences infligées vont susciter des mouvements religieux africains comme expression de négation et de protestation au couple « Colonisation évangélisation ». Ce chemin de liberté et de la libération pris en charge par le mouvement de négation va occasionner beaucoup de victimes parmi ceux qui ne voudraient se soumettre à la religion catholique.
Dans un autre chapitre, l’historien français Jean Bruhat, au cours de la semaine des Intellectuels catholiques de Paris, donne une lecture succincte du contexte la lutte pour la liberté, il note ceci : « Nous voyons ainsi naitre des cultes de libérations en tant que forme d’opposition à la domination coloniale. C’est au Congo Simon Kimbangu qui identifie l’être suprême de Bakongo au dieu judéo chrétien et qui, devenant le prophète du Dieu des noirs, annonce le départ prochain des blancs. Simon Kimbangu meurt en prison1951 ».
En réhabilitant l’héroïsme de Simon Kimbangu, on a exhumé le vestige de la pensée de sa lutte; cette reconnaissance immortalise la date du 06 avril commémorative. Il n’en est pas moins que cette date qui marque le début de sa lutte ait été étouffée par les pouvoirs qui se sont succédé en connivence avec certaines chancelleries de l’espace Union Européenne. Il appartient au congolais seuls de revisiter leur histoire pour la réécrire en ôtant les coquilles, comme l’a dit Patrice Lumumba :« L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au Nord et au Sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité ».
Réinterroger la conscience de l’histoire, réhabilité Simon Kimbangu comme un grand leader africain, est un devoir sacré de la nation et de tout un continent. On n’efface pas le siècle d’histoire comme si on tourner une page négative d’un livre. L’africain est père de l’histoire orale, de conte et mythe, il se souvient et porte les stigmates du mythe Kimbangu, cet héritage que les Occidentaux préféraient effacer a jamais.
Grégoire TSHIBINGU
Notes
- HOCHSCHILD A., Les Fantômes du roi Léopold. Un holocauste oublie. Mariner Book, USA,1998.
- M’BOKOLO, E, Afrique Noire. Histoire et Civilisation, T2, XIXe et XXe siècle, Paris, Hatier,1992, p.392.
- MVENG, A, De la sous mission à la succession, in « Civilisation Afrique noire et Eglise catholique », Paris, Dakar, Abidjan, P, A,1978.
- MBEMBE, A, Un entretien avec Jean Marc ELA, Théologien camerounais, in « Spiritus », XXVII,1987, p.260.
- BRUHAT, J, Le marxisme et les faits religieux in « Semaine des intellectuels catholiques de Paris, Dieu aujourd’hui », Desclé De Brouwer, Paris,1965, p.85.
- LUMUMBA, P, Lettre à sa femme