RDC : Pour Denis Mukwege, l’état de siège est un échec
Les derniers massacres de masse ayant fauché la vie à plusieurs dizaines de personnes respectivement à Mongwalu le dimanche 8 mai et au camp de déplacés de Lodda près de Fataki ce lundi 9 mai 2022 dans le Territoire de Djugu en Ituri sont insoutenables dit le Docteur Denis Mukwege et démontrent une fois de plus que la stratégie militaire (état de siège) soutenue par le gouvernement congolais depuis un an est incapable de protéger les civils et de prévenir la répétition des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Pour le prix nobel de la paix 2018, les données collectées par le Baromètre sécuritaire du Kivu établissant un bilan de plus de 2500 civils tués dans les Provinces de l’Ituri et du Nord Kivu entre avril 2021 et avril 2022, ce qui équivaut à près du double des tueries documentées l’année précédente, avant la décision prise le 6 mai 2021 de décréter l’état de siège sont effroyables.
“L’augmentation des violations des droits humains, le nombre croissant de victimes parmi la population civile, l’extension des zones d’instabilité et la recrudescence du dynamisme de certains groupes armés tels que le M23 depuis l’entrée en vigueur de l’état de siège censé renforcer la protection des civils, neutraliser les groupes armés et pacifier les Provinces meurtries doivent impérativement amener les autorités congolaises à revoir en urgence la gouvernance sécuritaire et la diplomatie régionale”
a-t-il dit.
Denis Mukwege salue cependant l’intention du Président Félix Tshisekedi d’établir un plan de sortie de l’état de siège. En effet, cette mesure exceptionnelle qui restreint les droits et les libertés fondamentales, déjà prorogée à maintes reprises par le Parlement, “n’a pas vocation à durer dans le temps et à être encore prolongée alors que l’insécurité est grandissante dans les deux Provinces concernées et que son impact sur la protection des civils est négatif. Cet échec doit être acté sans plus tarder”.
Selon Docteur Mukwege, alors que les diverses tentatives de recherches de solution politique et militaire de ces dernières décennies ont toutes échouées à stabiliser le pays et à protéger les civils, le temps est venu de dire la vérité et le droit, et de prioriser la justice et l’obligation de rendre des comptes pour les auteurs présumés des crimes les plus graves commis depuis plus d’un quart de siècle en RDC.
LAK