Kisangani : 22 ans après la “guerre de six jours”
5 juin 2000, l’Armée Patriotique Rwandaise et la Uganda People’s Defence Force s’affrontent pour le contrôle de la filière du diamant dans la ville de Kisangani, faisant 1.200 morts et 3.000 blessés. C’est la Guerre des Six jours qui dura jusqu’au 11 juin 2000.
Rwandais et Ougandais s’étaient déjà affrontés à deux reprises, dans la même ville de Kisangani (un premier affrontement en août 1999 et un deuxième en mai 2000). Mais les affrontements de juin 2000 seront d’une intensité inouïe.
Tout commence une semaine auparavant lorsque les habitants de Kisangani assistent à une intense campagne de haine entre les deux camps : la Radio-Liberté (RALI, d’obédience ougandaise) et la Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC, d’obédience rwandaise).
Le 4 juin 2000, des militaires ougandais investissent le centre-ville, tandis que des colonnes de militaires rwandais se déploient dans les quartiers (de la commune de Mangobo, notamment). Le décor d’un affrontement armé est planté et les combats éclatent le lendemain.
Ce 5 juin, peu avant 10h, la guerre est lancée et, six jours durant, la ville est en proie à d’intenses combats, avec usage d’armes lourdes, notamment des mortiers et des batteries anti-aériennes (selon l’ONG “Groupe Justice et Libération”, plus de 6.000 obus sont lancés).
Les civils tués sont recensés surtout dans les communes de Tshopo, Makiso et Mangobo. La cathédrale de Kisangani sera aussi éventrée par des obus et dévorée par des flammes. D’autres lieux sont endommagés, notamment des écoles, hôpitaux, la SNEL, la Régideso, etc.
Ces combats durèrent jusqu’au 11 juin, lorsque les militaires Rwandais parvinrent à chasser les Ougandais de la ville. Dans sa résolution 1304 (adoptée le 16 juin 2000), le Conseil de Sécurité de l’ONU avait instruit le Rwanda et l’Ouganda à fournir des réparations.
La Résolution prévoyait également la présentation par le SG de l’ONU d’une évaluation des torts causés, afin de déterminer les réparations. En déc 2005, la Cour Internationale de Justice (CIJ) avait condamné l’Ouganda à réparer les conséquences de son invasion du Congo.
La CIJ avait laissé l’Ouganda et le Congo convenir à l’amiable du montant des réparations. Les dommages proposés par les autorités congolaises se fixaient à 6 à 10 milliards USD.
Aujourd’hui, 22 ans après, aucune victime n’a obtenu justice, tandis que les chefs militaires rwandais et ougandais impliqués dans ce carnage, sont toujours libres. Aucun responsable politique ni militaire n’a été appelé à répondre de ses crimes devant la justice.
Benjamin Babunga