Diplomatie : Le pape dénonce les conflits et le colonialisme économique en RDC
Dans son premier discours à son arrivée en République démocratique du Congo, mardi, le pape François a dénoncé les conflits qui continuent de ravager le pays, et l’exploitation téméraire de ses immenses ressources naturelles par des forces étrangères.
Dans sa rencontre avec les autorités gouvernementales, la société civile et le corps diplomatique dans le jardin du Palais de la Nation à Kinshasa, après sa visite de courtoisie au président congolais Félix Tshisekedi, le pape a exhorté le peuple congolais à prendre son destin en main en rejetant la violence et la haine.
Il a expliqué que sa visite est née de son désir d’apporter “la proximité, l’affection et la consolation de toute l’Eglise catholique”, et qu’il vient “en pèlerin de réconciliation et de paix”.
Selon lui, les Congolais sont plus précieux que leurs diamants.
Comparant la RDC à un diamant, l’une des nombreuses richesses du pays, le pape a noté que le peuple congolais est “infiniment plus précieux que n’importe quel trésor trouvé dans leur sol fertile”.
Le pape François déploré l’exploitation que la RDC et l’ensemble du continent africain continuent d’endurer aujourd’hui sous la forme d’un “colonialisme économique” qui, a-t-il dit, est “tout aussi asservissant”, rendant le peuple congolais “étranger” à sa propre terre.
“Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants”, a dénoncé le pape, appelant le monde à reconnaître les injustices “catastrophiques” commises dans le passé et à mettre fin au pillage en cours de ses ressources naturelles.
“Ne touchez pas à la République démocratique du Congo ! Loin de l’Afrique ! Arrêtez d’étouffer l’Afrique : ce n’est pas une mine à dépouiller ou un terrain à piller. Que l’Afrique soit protagoniste de son propre destin !”.
Le pape François s’est ensuite tourné vers la communauté internationale qui, a-t-il dit, “s’est pratiquement résignée à la violence qui dévore” la RDC, appelant à un effort renouvelé pour soutenir le développement et la paix dans la nation africaine. “Les processus de paix en cours, que j’encourage vivement, doivent être soutenus par des actes concrets et les engagements doivent être maintenus”, a déclaré le Pape.
Revenant sur l’image du diamant, le pape François a relevé que la richesse de la société congolaise tient à son caractère “polyédrique”, qu’il faut donc préserver “en évitant toute forme de régression vers le tribalisme et l’hostilité”.
« Le problème », remarque-t-il en rappelant un proverbe congolais, « n’est pas la nature des groupes ethniques et sociaux, mais la manière dont ils choisissent de vivre ensemble : leur volonté ou non de se rencontrer, de se réconcilier et de commencer nouveau fait la différence entre la gravité du conflit et un avenir radieux de paix et de prospérité.
Aussi, a-t-il dit, la présence de l’Etat dans toutes les parties du territoire doit être renforcée et les nombreux réfugiés et déplacés doivent être pris en charge.
S’engager dans un renouveau social courageux et inclusif
Le pape François a conclu en exhortant le peuple congolais à ne pas céder au “découragement” et à la “résignation”, mais à s’engager dans un “renouveau social courageux et inclusif” de son pays.
Les conflits et défis actuels en RDC ont également été au centre de l’allocution du Président Félix Tshisekedi au Saint-Père, dans laquelle il a remercié le Pape, au nom de tout le peuple congolais, pour l’intérêt qu’il a toujours porté à la situation du pays, et pour “prier avec ferveur pour la paix dans ses provinces orientales”. Il a également exprimé sa gratitude pour sa volonté de rencontrer une délégation de personnes déplacées internes de ces provinces.
Béni Rahayu
